École Doctorale Francophone des Pays de Visegrád
L’Association des enseignants universitaires francophones en Slovaquie
FrancAvis
et
Le Département d’Études romanes de la Faculté des Lettres
Université Comenius de Bratislava
En coopération avec
le Département de Langues romanes et slaves de la Faculté des langues appliquées
Université d’Economie de Bratislava
et
le Département d’Etudes romanes de la Faculté des Lettres
Université Matej Bel de Banská Bystrica
organisent
le 26e séminaire de L’École Doctorale Francophone des Pays de Visegrád
La question du transfert culturel :
perspective pluridisciplinaire
à Bratislava
les 13 et 14 octobre 2023
Appel à communications
26e École Doctorale Francophone des Pays de Visegrád
Le séminaire s’inscrit dans la continuité de la coopération internationale dans le domaine de la formation des doctorants romanistes de l’Europe centrale, notamment des pays du V4, la Pologne, la Hongrie, la République tchèque et la Slovaquie. Depuis 2000, les rencontres organisées chaque année dans un pays différent, se sont institutionnalisées. Elles permettent aux doctorants, aux jeunes chercheurs de spécialités diverses, ainsi qu’aux professeurs encadrants, de trouver une plate-forme commune favorisant la réflexion sur le rôle de la langue et des études françaises dans les recherches scientifiques.
L’édition 2023 aura pour axe de travail le thème suivant :
« La question du transfert culturel : perspective pluridisciplinaire »
notamment en littérature, culture, linguistique, traductologie et didactique
Argumentaire
Olivier Dollfus définit la mondialisation comme une généralisation des échanges dans tous les domaines à l’échelle planétaire. Ce phénomène concerne aussi l’étude des langues et des cultures amenée à déterritorialiser ses approches scientifiques. Face à ce défi, les études françaises sont encouragées à dépasser la sphère franco-française à laquelle se limitent trop souvent ses travaux au profit d’une conception décentrée de la recherche. Pour répondre à ces exigences, une notion paraît particulièrement adaptée à ce nouveau cadre théorique : le transfert culturel.
Exogène aux études françaises, la notion de transfert culturel doit sa paternité aux historiens Michel Espagne et Michael Werner. En s’inspirant de l’oeuvre fondatrice de Claude Digeon (La Crise allemande de la pensée française, 1959), ils consacrent leurs travaux de recherche aux échanges culturels franco-allemands des XVIIIe et XIXe siècles (Transferts. Les relations interculturelles dans l’espace franco-allemand. XVIIIe-XIXe siècles, 1988). C’est pour donner un cadre théorique solide à leur étude de l’interpénétration littéraire, artistique et philosophique de ces deux aires culturelles que les deux historiens créent la notion de transfert culturel. À la suite de leurs travaux, la notion de transfert culturel voit son champ d’études s’élargir : du schéma bilatéral tracé par les deux chercheurs sur l’exemple des relations culturelles francoallemandes, elle adopte une configuration trilatérale par la prise en compte du rôle de médiateur joué par certains pays : pour la période du XVIIIe au XXe siècles, il s’agit, par exemple, de la France dans les transferts culturels entre, d’une part, l’Europe centrale et, de l’autre, l’Amérique latine et l’Amérique francophone, ou de l’Allemagne dans les transferts entre la France et la Russie.
Comme les travaux de Michel Espagne et Michael Werner le laissent entendre, la notion de transfert culturel désigne le passage d’objets culturels d’un contexte – national, linguistique et/ou religieux – à un autre. Autrement dit, « La notion de transfert culturel implique un mouvement d’objets, personnes, populations, mots, idées, concepts… entre deux espaces culturels (États, nations, groupes ethniques, espaces linguistiques, aires culturelles et religieuses) » (Joyeux-Prunel, 2003, p. 151). Une précision s’impose cependant si l’on veut bien saisir la portée de la notion : le transfert culturel ne se limite pas à un simple déplacement d’objets ou d’idées d’une aire culturelle vers une autre, mais à leur métamorphose à travers un processus de réinterprétation, si bien que, loin d’être le simple avatar de l’original, l’objet transféré s’autonomise et gagne en légitimité sur l’objet d’origine. Pour bien comprendre l’intérêt de la notion, il importe également de s’arrêter sur l’idée de mouvement
impliqué par le transfert culturel : celui-ci est fondé sur une conception dynamique des cultures qui sont « le lieu et le produit de flux » (Joyeux-Prunel, 2003, p. 160). La notion de transfert culturel comme dynamique des cultures exclut donc toute conception statique des aires culturelles comme ensembles homogènes et originels, car chaque aire culturelle est elle-même le résultat de transferts antérieurs. D’où une remise en question des notions de culture nationale et de littérature nationale, qu’il faut considérer comme de simples construits idéologiques.
Le transfert culturel ne représente donc ni une forme rénovée de comparaison interculturelle, car celle-ci implique une conception binaire des échanges culturels entre ensembles bien déterminés, ni une étude des phénomènes d’hybridité et de métissage qui sont davantage centrés sur le mélange des cultures que sur leur transformation par adaptation aux contextes des sociétés d’accueil. La problématique du transfert culturel est centrée sur les processus concourant au passage des objets culturels d’une aire culturelle à une autre : elle met l’accent sur les questions de sélection des objets transférés, de médiation du transfert et des formes de leur appropriation.
Si la notion de transfert culturel a d’abord concerné l’histoire des arts et des idées dans le cadre des relations franco-allemandes, elle s’applique aujourd’hui à une grande variété de domaines. Il s’agit en premier lieu de la langue, principal vecteur du transfert par l’intermédiaire de médiateurs souvent plurilingues : traducteurs, mais aussi émigrés, commerçants ou artistes exerçant à l’étranger. La médiation par la langue est étroitement liée à la traduction, moyen efficace d’assimilation des oeuvres étrangères à l’aire culturelle d’accueil. La littérature est également très largement concernée par le transfert culturel, non seulement à travers la traduction d’oeuvres, mais aussi par la circulation des genres et des courants littéraires. Davantage encore que la littérature, la culture de masse représente aujourd’hui un espace de circulation culturelle par excellence, tant pour le cinéma, le cas des remakes hollywoodiens étant à cet égard symptomatique, que pour la presse, la télévision et Internet, lieux de standardisation, et en même temps d’adaptation aux contextes locaux, des formats de communication.
C’est donc sur la problématique du transfert culturel que le 26e séminaire de l’École Doctorale Francophone des Pays de Visegrád invite doctorants, jeunes chercheurs et professeurs encadrants en didactique des langues, linguistique, littérature et traductologie à partager leurs réflexions.
Pistes de réflexion
Didactique
Le transfert culturel : méthodes de recherche
Transfert culturel et approche plurilingue et pluriculturelle en didactique des langues
Transfert culturel et interférence linguistique en didactique des langues
Contextes pédagogiques homoglotte et hétéroglotte
Didactique ou didactiques des langues ?
La contextualisation en didactique des langues
Les référentiels en didactique des langues
Linguistique
Bilinguisme, plurilinguisme et transferts linguistiques
Communication interculturelle, intercompréhension, intertextualité et intericonicité
Les transferts inter- et intralinguaux
Sémantisation et resémantisation dans la langue et le discours
Littérature
Transfert culturel à travers la littérature, le cinéma et la publicité
Enseignement de la culture-cible à travers les textes littéraires
Le rôle de la mémoire et de l’identité dans le transfert culturel en langue, discours et littérature
Transfert culturel et interprétation de soi en littérature à travers l’autofiction
Les dichotomies entre centre et périphérie, global et local en langue et littérature
Traductologie
Le traducteur et l’interprète comme médiateurs du transfert culturel
Transfert culturel et traduction littéraire
Transfert culturel et TIC(E)
Orientations bibliographiques sur la notion de transfert culturel
Augustin Lefebvre, Augustin. 2016. Langage, culture, transferts culturels et individus: vers une approche interdisciplinaire. Cahiers de la Nouvelle Europe. L’Harmattan, 2016. Espagne, Michel. 2013. La notion de transfert culturel. Revue Sciences/Lettres, n°1, 2013.
Joyeux-Prunel, Béatrice. 2003. Les transferts culturels. Un discours de la méthode. Hypothèse, n°1, 2003. Éditions de la Sorbonne, p. 142-162.
Lüsebrink, Hans-Jürgen. 2014. Les transferts culturels : théorie, méthodes d’approche, questionnements. Pascal Gin, Nicolas Goyer et Walter Moser (dir.), Transfert. Exploration d’un champ conceptuel. Les Presses de l’Université d’Ottawa, p. 25-48.
Rabault-Feuerhahn, Pascale. 2018. La langue comme objet de transfert culturel : ou comment les études orientales affectent les langues qu’elles étudient, et vice-versa. Michel Espagne et Li Hongtu (dir.), Chine France - Europe Asie, Itinéraires de concepts. Éditions Rue d'Ulm, p. 175-196.
Frais d’inscription
Les frais d’inscription de l’École doctorale s’élèvent à 40 € (20 € pour les doctorants qui seront logés gratuitement) et couvrent principalement les frais d’organisation du colloque et les frais liés à la publication des Actes de l’École doctorale.
Calendrier
Veuillez remplir et renvoyer le formulaire d’inscription avant le 31 mars 2023 aux adresses électroniques suivantes :
- zuzana.puchovska@uniba.sk
- andrea.turekova@euba.sk
Vous recevrez la confirmation de votre participation avant le 15 mai 2023
Programme : début septembre 2023
Colloque les 13 et 14 octobre 2023
Renseignements pratiques
Les communications (à compter 20 minutes de présentation et 10 minutes de discussion) seront présentées en langue française.
Le temps imparti aux conférences plénières sera de 45 min.
Les communications seront publiées dans un numéro spécial de la revue scientifique Romanistica Comeniana (revue rattachée au Département d’Etudes romanes de la Faculté des Lettres de l’Université Comenius).
Partenaires
IUFS – SFUI Institut universitaire franco-slovaque
Institut français de Bratislava
Comité scientifique
François Schmitt (Université Matej Bel de Banská Bystrica)
Jana Pecníková (Université Matej Bel de Banská Bystrica)
Jana Truhlářová (Université Comenius de Bratislava)
Katarína Bednárová (Université Comenius de Bratislava)
Zuzana Malinovská (Université Comenius de Bratislava)
Bernadeta Wojciechowska (Université Adam Mickiewicz de Poznań)
Joanna Gorecka (Université Adam Mickiewicz de Poznań)
Vasile Spiridon (Université d'Economie de Bratislava)
Ján Drengubiak (Université de Prešov)
Ján Živčák (Université de Prešov)
Zuzana Honová (Université d’Ostrava)
Václava Bakešová (Université Masaryk de Brno)
Comité d’organisation
Zuzana Puchovská
Monika Zázrivcová
Andrea Tureková
Arnaud Segretain
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